Préserver la santé mentale des collaborateurs : les RPS et le rôle des RH

L’humain se place de plus en plus au coeur des préoccupations RH, notamment au regard de son bien-être et de sa santé mentale. Prévenir l’apparition des risques psychosociaux (RPS) est aujourd’hui un incontournable pour les fonctions RH. Que sont les RPS, quel impact ont-ils, comment les prévenir ?

Préserver la santé mentale des collaborateurs : les RPS et le rôle des RH

📚 Définition des RPS :

Les RPS, ou risques psychosociaux désignent :

Des situations de travail où sont présents, combinés ou non :

  • du stress : déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes de son environnement de travail et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face ;
  • des violences internes commises au sein de l’entreprise par des salariés : harcèlement moral ou sexuel, conflits exacerbés entre des personnes ou entre des équipes ;
  • des violences externes commises sur des salariés par des personnes externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions…).

Ce sont des risques qui peuvent être induits par l’activité elle-même ou générés par l’organisation et les relations de travail. (Source : Institut national de recherche et de sécurité)

En effet, 41% des salariés français se déclarent en situation de détresse psychologique, soit 3 points de plus qu’en octobre 2021 (source : Opinion Way, mars 2022)

💥 L’impact des RPS

L’apparition de RPS au travail peut avoir un impact considérable tant sur les collaborateurs que sur l’entreprise d’un point de vue global. Ici, nous pouvons scinder l’impact des RPS en 2 catégories : l’impact direct des RPS sur les collaborateurs, ainsi que l’impact indirect sur les entreprises.

Impact direct (collaborateurs)

Les risques psychosociaux peuvent avoir un impact significatif sur les collaborateurs d'une entreprise, tant sur leur santé mentale que sur leur performance au travail.

Selon un rapport réalisé par la médecine du travail, le nombre de maladies liées au stress a augmenté de 50% en cinq ans (2022).

Les conséquences des RPS sur les collaborateurs peuvent être de l’ordre de :

  • La détérioration de la santé mentale : les risques psychosociaux peuvent entraîner des troubles mentaux tels que la dépression, l'anxiété, le burnout ainsi que d'autres maladies mentales.
  • L'absentéisme : les collaborateurs souffrant de troubles mentaux causés par les RPS peuvent être plus susceptibles de prendre des congés maladie ou de manquer des jours de travail. Dans un degré plus élevé, il n’est pas rare qu’un collaborateur touché par un/des symptômes des RPS soit amené à démissionner de l’entreprise.
  • La baisse de la productivité : difficultés à se concentrer, à prendre des décisions et à communiquer efficacement, impactant donc négativement la productivité.
  • La diminution de la qualité du travail : difficultés à maintenir une qualité de travail élevée, ce qui peut entraîner des erreurs et des retards dans les projets.
  • La dégradation des relations : difficultés à maintenir des relations positives avec les collègues, les supérieurs hiérarchiques et les parties prenantes externes à l’entreprise (clients, partenaires, etc.)

Il est donc important pour les employeurs de prendre en compte ces risques et de mettre en place des mesures préventives afin de protéger la santé et le bien-être de leurs employés et ainsi éviter des conséquences graves.

Impact indirect (entreprises)

Vous l’aurez compris, les conséquences des RPS sur les collaborateurs d’une entreprise ont donc un impact indirect sur celle-ci.

En effet, les RPS coûtent en moyenne entre 3 et 4 milliards d’euros aux entreprises françaises chaque année en termes de productivité perdue (source : agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail)

Ici, l’impact des RPS sur les entreprises peut être représenté par :

  • Une diminution de la productivité des équipes : les collaborateurs souffrant de troubles mentaux causés par les RPS peuvent avoir des difficultés à se concentrer, à communiquer efficacement et à prendre des décisions, ce qui réduit leur productivité et leur qualité de travail.
  • Une augmentation des coûts liés à l'absentéisme et au turnover : augmentation des coûts liés au recrutement, à la formation et à la mobilité interne.
  • Une baisse de la motivation et de la satisfaction des employés : difficultés à maintenir un bon niveau de motivation et de satisfaction au travail, ce qui peut entraîner une baisse de leur engagement.
  • Une augmentation de la charge de travail : si des collaborateurs quittent l’entreprise ou sont absents pour des raisons liées aux RPS, les collaborateurs restants récupèrent la charge de travail des démissionnaires et sont susceptibles de subir une surcharge de travail, ce qui peut conduire vers une augmentation de l’absentéisme/du turnover dans les équipes restantes, et ainsi de suite (phénomène de cercle vicieux).
  • Une réputation négative : les RPS peuvent avoir un impact négatif sur la réputation de l'entreprise, car les collaborateurs mécontents peuvent en parler autour d'eux et impacter la marque employeur et/ou l’image de l’entreprise. Cet impact peut également être ressenti au niveau des clients de l’entreprise (la symétrie des attentions, des collaborateurs mécontents font des clients mécontents).
  • Une augmentation des coûts de santé : les collaborateurs souffrant de RPS peuvent avoir besoin de soins médicaux ou de soutien psychologique, ce qui peut entraîner des coûts supplémentaires pour l'entreprise.

Comment anticiper l’apparition de RPS ?

En France, la loi sur la qualité de vie au travail de janvier 2017 impose aux employeurs de prendre les mesures nécessaires pour prévenir les RPS au sein de leur entreprise. Cela comprend l'évaluation des risques, la mise en place d'actions pour prévenir les RPS, la formation du personnel, etc. Les entreprises doivent également tenir à jour un document unique d'évaluation des risques professionnels et consulter les représentants du personnel sur les questions liées à la santé et à la sécurité au travail.

Selon l’INRS : il n’existe pas de solutions toutes faites pour lutter contre les risques psychosociaux ; d’une entreprise à l’autre, d’une situation de travail à l’autre, les facteurs de RPS sont différents. Prévenir les RPS, c’est avant tout mettre en place des modes d’organisation qui soient favorables à la santé physique et mentale des salariés : travail en équipe, utilisation des compétences des salariés, marges de manœuvre suffisantes, participation des salariés aux décisions les concernant…

Chaque entreprise est différente, chaque collaborateur est différent, il est important de contextualiser l’approche de prévention des RPS afin d’optimiser son efficacité.

La contextualisation n’est possible que si 2 conditions sont remplies :

  • Collecter et avoir des données de façon fiable
  • Avoir des algorithmes suffisamment puissants pour pouvoir en extraire des plans d’actions concrets pour l’entreprise

Dans un cadre plus général, il est important que les employeurs mettent en place des mesures de prévention de RPS efficaces. Voici quelques conseils :

  1. Évaluation des risques professionnels : il est essentiel de déterminer les facteurs de risque de RPS dans l'entreprise ainsi que leur niveaux de risques associés, afin de mettre en place des plans d’action pour y remédier. Cela peut être fait à l’aide d’une solution d’écoute collaborateur via des enquêtes régulières ou spontanées.
  2. Mise en place de mesures de prévention : en fonction de l'évaluation des risques, mettre en place des mesures concrètes pour prévenir l’apparition de RPS, telles que la formation du personnel, l'amélioration des conditions de travail, la réorganisation du travail, etc.
  3. Sensibilisation du personnel : les collaborateurs doivent impérativement être informés des RPS, de la façon de les prévenir ainsi que de leur rôle dans cette prévention. Cela peut être fait à travers des séances de sensibilisation et de formation en groupe ou individuelles.
  4. Soutien des collaborateurs : il est important de soutenir les collaborateurs qui peuvent être touchés par les RPS, par exemple en mettant en place des programmes de soutien psychologique ou en encourageant les collaborateurs à s’ouvrir au dialogue pour parler de leurs préoccupations.
  5. Suivi et évaluation : surveiller régulièrement les conditions de travail, évaluer l'efficacité des mesures de prévention, continuer de sonder ses collaborateurs, etc.
  6. Implication de la direction : les dirigeants doivent montrer l'exemple en encourageant une culture de travail saine et en s'assurant que les employés se sentent en sécurité et soutenus dans leur travail.

En mettant en place des mesures de prévention claires et adaptées, les entreprises ont un rôle déterminant dans la lutte contre l’apparition des RPS et dans la création d’un environnement de travail sain et positif pour tous les collaborateurs. Cela peut avoir un impact positif sur la productivité et la rentabilité de l'entreprise, tout en améliorant la santé et le bien-être des équipes. Enfin, il est essentiel d’avoir un suivi régulier des actions mises en place, afin d’ajuster les actions au fil du temps, et ainsi répondre toujours mieux aux attentes des collaborateurs.

Pour aller plus loin, voici une sélection d’articles/podcasts très intéressants sur le sujet :