Quand le doute s'installe, comprendre le syndrome de l'imposteur
Dans un environnement professionnel où la performance, la confiance en soi et la réussite sont valorisées, le syndrome de l’imposteur agit comme un frein invisible mais puissant. Derrière des parcours brillants ou des carrières solides, nombreux sont ceux qui doutent en silence.

Dans un environnement professionnel où la performance, la confiance en soi et la réussite sont valorisées, le syndrome de l’imposteur agit comme un frein invisible mais puissant. Derrière des parcours brillants ou des carrières solides, nombreux sont ceux qui doutent en silence :
« Suis-je vraiment à ma place ? », « Et si tout cela n’était qu’un malentendu ? ».
Ce sentiment, loin d’être marginal, peut impacter profondément la santé mentale et l’engagement au travail.
Dans cet article, nous décryptons ce phénomène, ses causes, ses manifestations concrètes… et surtout, les leviers pour en sortir.
Un mal silencieux mais répandu
Le syndrome de l’imposteur en quelques mots
Aussi connu sous l’appellation “expérience de l’imposture”, il est définit comme une “perception de l’esprit déformée de ses propres compétences et une incapacité à internaliser ses succès, entraînant une série de doutes : sur ses compétences ou sur le mérite de succès divers, plus attribués à la chance qu’à ses véritables compétences”.
Concrètement, c’est quand une personne doute sans cesse de ses compétences, même si elle réussit. Elle pense que ses succès sont dus à la chance, pas à son talent, et elle a du mal à croire qu’elle les mérite vraiment.
Exprimé au travail, il donne l’impression de ne jamais être à la hauteur, et conduit fréquemment à une spirale négative de doutes et d’insécurité.
L’origine du concept
Le syndrome de l’imposteur est introduit dans les années 1970 par les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes qui ont développé l’échelle de Clance. Celle-ci sert à évaluer et comprendre l’intensité du syndrome de l’imposteur chez chaque personne lors d’un test de 20 questions chacune notée de 1 à 5, ciblant votre profil et délivrant un score entre 20 et 100. En-deça de 40, il n’y a pas ou peu de syndrome d’imposture, celle-ci se caractérise si le score augmente, et, au-delà de 80, la situation est jugée “intense”.
D’après le docteur Clance, le syndrome de l’imposteur n’aurait pas d’influence sur la performance du collaborateur, mais sur la manière dont il la perçoit.
Les hommes ont tendance à plus exprimer leur confiance que les femmes, et sans qu’il y ait forcément de corrélation avec leurs compétences.
À cet égard, la courbe de Dunning-Kruger montre que, moins un individu a de compétences, plus il a confiance en lui. Ici, confiance s’apparente à inconscience, car, n’ayant aucune connaissance des difficultés, le novice va croire que la tâche est facile.

Pourtant, des prises de décisions inconscientes peuvent être catastrophiques pour l’entreprise. Dans une organisation, il est donc vital que les responsabilités soient en adéquation avec les compétences des individus.
Une approche digitale consiste à mettre en place un 360° entre collaborateurs. En prenant en compte à la fois l’auto-évaluation du collaborateur et les évaluations qui lui ont fait ses pairs, un collaborateur peut, accompagné de son RH, identifier ses zones d’amélioration et également se rassurer sur les points où il se sous-estime.


Des profils variés pour un ressenti commun
Quand le doute s’invite dans le quotidien
Voici quelques exemples, parmi d’autres, de situations professionnelles qui amènent le collaborateur a éprouvé ce syndrome :
- La promotion rapide
- Impact : Hésitation à prendre des décisions cruciales
- Une reconnaissance “excessive”
- Impact : Peur de ne pas être à la hauteur des éloges reçus
- Une mutation pour un post plus exigeant
- Impact : Réticence à demander de l’aide et proposer des idées
D’où vient ce sentiment d’illégitimité ?
Cette impression peut avoir plusieurs facteurs : absence de communication, direction stricte, manque de feedbacks, minimisation des réussites, ou encore une tendance à l’autocritique.
Quoiqu’il en soit, il s’agit dans la grande majorité des cas de fausses pensées, qui ne reflètent en rien les réelles capacités du collaborateur.
Syndrome de l’imposteur : ces signes qui ne trompent pas
Dans la même lignée, certaines indications montrent que vous êtes peut-être concernés :
- Doute constant de vos compétences. Ce qui conduit le collaborateur à remettre son travail en question.
- Minimisation des succès personnels. Le collaborateur qui ne croit pas en lui ne sera jamais épanoui, ni professionnellement, ni dans sa vie privée.
- Préoccupation excessive du regard des autres. S’imaginer que les autres ont une mauvaise opinion de soi conduit irrémédiablement à un renfermement.
- Anxiété intense de peur que les autres se rendent compte qu’il y aurait une imposture. Rejoint le regard des autres et oblige la personne en question à faire attention à tout ses gestes.
- Mal à l’aise vis-à-vis des éloges. Peut provenir d’un manque de confiance en soi, et empêche le collaborateur de s’intégrer convenablement.
- Mal-être mental. Mal plus profond, il entraîne le collaborateur dans une spirale négative.
- Stress chronique. Si celui-ci arrive, le mal est sans doute présent depuis un moment. Il est grand temps de le traiter et de prendre soin de vous.
- Pressions auto-imposées. Peut également découler d’un manque de confiance en soi. Il part souvent d’une volonté de bien faire mais peut atteindre des proportions exagérées.
- Burn-out. La crise est survenue. Les émotions sont trop intenses. Heureusement, il n’est jamais trop tard pour comprendre les raisons d’un mal-être, les analyser et les traiter de façon à ce que cette situation ne se reproduise pas.
Ces symptômes ne sont pas exhaustifs, mais peuvent vous donner une indication si vous en rencontrez.
Exemple de témoignage d’une personne souffrant du syndrome de l’imposteur :
Une psychologue de 25 ans récemment diplômée atteint un poste à responsabilité dès l’embauche : elle devient référente d’unité.
Résultat : elle avait l’impression de ne pas aider ses patients, de leur dire des “banalités”. Elle se forçait à faire durer les entretiens, pour ne pas se sentir “nulle” et “inutile”. Pourtant, les retours de ses collègues allaient totalement à l’encontre de ces sentiments, l’encourageant et la remerciant pour son travail.
Tout n’est pas rentré dans l’ordre mais elle a réussi à prendre du recul. Le principal problème qui demeure reste qu’elle n’ose pas postuler à certaines offres par sentiment d’illégitimité.
→ Ici, la promotion rapide a donné à cette jeune femme une fausse (puisque démentie par ses collègues) impression qu’elle ne serait pas à la hauteur. C’est grâce à une prise de recul qu’elle a réussi à dépasser ce stade de doute et à accepter la légitimité de son statut.
Comment sortir du piège et reprendre confiance ?
Heureusement, rien n’est définitif, et il existe des moyens de lutter contre le syndrome.
Ainsi, vous pouvez :
- Noter l’évolution de vos performances. Cela permet d’avoir un aperçu d’où l’on vient, et de souvent se rendre compte qu’on a beaucoup progressé.
- Prendre du recul. Comme dans tous les domaines, prendre de la hauteur sur une situation permet de relativiser, et donc d’être moins “à cran” et plus serein.
- Communiquer. La base d’une bonne relation est d’écouter et d’expliquer, afin à la fois de faire-valoir sa position et de comprendre celle de ses collègues.
- Accepter les compliments. Si on vous fait des compliments, c’est bien souvent que vous le méritez, et donc que votre travail est de qualité !
- Sortir de votre zone de confort. Se donner des nouveaux défis est une étape vers la réussite. La stagnation et l’immobilisme sont des freins à contourner.
- Ne pas vous comparer. Oui, il y a toujours mieux… mais aussi toujours moins bien. Chaque parcours est différent, et c’est ce qui fait la force d’une équipe. Se comparer à un collègue qui a un autre parcours et des compétences différentes n’a pas de sens.
- Gérer vos émotions. Cela rejoint la prise de recul. Être maître de ses émotions est la clé pour lutter contre le syndrome de l’imposteur.
- Rendre votre environnement propice au calme. L’environnement, que ce soit chez soi en cas de télétravail ou au bureau, a un impact évident sur la santé mentale du collaborateur.
- Adopter un climat de bienveillance. Dans cette lignée, adopter une attitude souriante et joviale rendra votre atmosphère de travail joyeuse et productive, tout le monde en sera ravi !
Exemple de témoignage d’une personne souffrant du syndrome de l’imposteur :
Julien, 37 ans, est diplômé de plusieurs Masters et d’un doctorat. Pourtant, il attribue tous ses diplômes à un “gros coup de chance” malgré sa pleine conscience que c’est “ridicule avec plusieurs masters, un doctorat”.
→ Ce témoignage est très parlant puisqu’il démontre que le degré de diplomation ne fait pas office de barrière au syndrome. La question est bien de noter ses accomplissements et de prendre confiance en soi.
En bref : le syndrome de l’imposteur est un mal profond qui peut ronger la santé mentale du collaborateur, le faire douter et s’isoler. Bien qu’il existe des facteurs qui provoquent ce sentiment, il peut toucher n’importe quel salarié, peu importe son statut dans l’organigramme.
Chacun a un rôle à jouer pour que tous les collaborateurs se sentent bien et puissent communiquer. Tous, à leur échelle, peuvent transmettre une émotion positive (un sourire, un mot gentil, une attention, …) et changer la vie d’un de leurs collègues.
La bienveillance est communicative, chaque collaborateur peut oeuvrer pour que la culture d’entreprise soit saine et propice à un climat d’écoute dans lequel chacun trouverait sa place.