Études des choix de carrière selon le genre - le constat
À une époque où la parole féminine s’est libérée, il est intéressant de prendre du recul et d’observer si l’égalité est réellement atteinte.
À une époque où la parole féminine s’est libérée, il est intéressant de prendre du recul et d’observer si l’égalité est réellement atteinte.
Dans cet article, nous nous pencherons sur les choix de carrière selon le genre, en nous demandant si les hommes et les femmes obtiennent le même niveau de diplômes, et, surtout, accèdent aux mêmes postes.
Diplômes
Nous mettons tout de suite fin au suspens, non, les hommes et les femmes n’ont pas tout à fait les mêmes diplômes.
Un écart se fait sentir dès le secondaire. Les filles ont davantage le baccalauréat (97% contre 93%) et de meilleures mentions (37% de “bien” ou “très bien” contre 27%) que les garçons. En outre, dans le supérieur, l’écart se creuse avec 57% de diplômées contre 47%. 41% des hommes s’arrêtent au bac ou équivalent contre 35% des femmes et 12% des hommes stoppent leurs études au brevet contre 8% des femmes.
Évolution majeure : les femmes sont de plus en plus diplômées avec le temps.
En bref : les femmes, dès le secondaire, obtiennent de meilleurs résultats que les hommes, choisissent des études plus longues, et décrochent de plus “grands” diplômes. Un chemin tout tracé vers l’emploi reconnu et vers les postes importants ? Rien n’est moins sûr…
Emploi
Eh bien, malgré la meilleure diplomation, les femmes ont plus de difficultés à accéder aux emplois que les hommes.
Ainsi, en 2019, chez les 15-64 ans, 59% des femmes travaillaient pour 66% d’hommes (INSEE). C’est néanmoins à relativiser puisque l’écart était deux fois plus important au début des années 2000.
On retrouve les mêmes difficultés pour ceux qui recherchent un travail : 48% des hommes au chômage retrouvent un emploi après 6 mois pour 44% des femmes, et l’écart est similaire (4%) après 18 mois. Bien que la différence ne soit pas faramineuse, force est de constater qu’elle existe et demeure.
Enfin, plus une femme a d’enfants, moins elle travaille, sans doute pour s’occuper d’eux. La carrière professionnelle est alors sacrifiée au profit de la vie familiale. Pourtant, le nombre d’enfants n’a globalement pas d’impact sur l’emploi masculin.
→ Il apparaît une distinction entre des “métiers mixtes” et des professions genrées.
Liste des métiers les “plus mixtes” avec, respectivement, le pourcentage de femmes puis d’hommes :
- Infographiste (50% / 50%)
- Technicien chimiste (50,5% / 49,5%)
- Technicien de surface (50,6% / 49,4%)
- Opérateur de fabrication (49,3% / 50,7%)
Ici, il est intéressant de remarquer que les professions sont variées.
Liste des métiers les plus genrés :
- Construction et agriculture (plus de 90% d’hommes, allant jusqu’à 98,90% pour les menuisiers et 99,60% pour les charpentiers)
- Sapeur-pompier (19% de femmes)
- Sage-femme (2,8% d’hommes)
- Esthéticien (plus de 97% de femmes)
Là, les métiers physiques sont quasiment “réservés” aux hommes, alors que les professions de soin et de beauté sont presque exclusivement féminines.
Pour ce qui est des professions à responsabilités, les femmes ne représentent que 39% des chefs d’entreprise, un quart des dirigeants de société, et 41% des emplois de directeurs dans le secteur public. Motif d’espoir, la parité est davantage respectée chez les jeunes générations.
Rappel : une entreprise est gérée par un entrepreneur individuel quand une société peut être administrée par plusieurs personnes, distinctes des associés.
En bref : les hommes obtiennent beaucoup plus facilement des métiers à responsabilités malgré le fait qu'ils soient en moyenne moins diplômés. Cela signifie qu’un homme très diplômé possède de grandes chances de décrocher un emploi majeur quand une femme peut avoir longuement étudié pour au final occuper un grade inférieur. D’autres phénomènes se remarquent, que ce soit au niveau géographique, du temps de travail partiel, ou de la rémunération et des retraites, et cela pourrait faire l’objet d’un prochain article. Sur les 20 métiers les plus exercés chez les hommes et les femmes, seuls 4 leur sont communs.
Manager, un métier équitablement réparti ?
Avant de regarder si les managers ont tendance à être des hommes ou des femmes, arrêtons-nous sur une donnée : 67% des salariés masculins, et même 61% des salariées, préfèrent être managés par un homme.
En France, en 2023, seules 30 à 35% des femmes étaient managers; un métier donc inégalement réparti. Ce chiffre tend à augmenter depuis plusieurs années, mais reste largement imparfait. D’après l’INSEE, si on rajoute les postes de cadres aux managers, le taux féminin s’élève à 42% en 2020.
Le chiffre est en constante évolution depuis le début des années 2000 mais varie énormément selon les secteurs. Ainsi, les femmes managers sont surreprésentés dans les secteurs de l’éducation, des services à la personnes et des ressources humaines. Elles sont en revanche encore sous représentées dans des secteurs tels que la finance, la tech ou l’industrie.
Toujours en 2020 et d’après l’INSEE, les femmes représentent 45% des membres des conseils d’administration, mais seulement 20% sont directrices générales.
En bref : à l’image du monde professionnel, les postes féminins sont de mieux en mieux répartis, grâce à des législations mises en place et aux changements de mentalités. Toutefois, nous ne sommes pas encore proches des 50% et les évolutions doivent donc être poursuivies.
Et chez les RH ?
Les ressources humaines se développent après la Seconde Guerre mondiale. Cela vient notamment d’Elton Mayo, qui a travaillé sur les conditions de travail et fait le constat que l’on travaille mieux lorsqu’on est accompagné.
Aujourd’hui, et depuis les années 1990, les ressources humaines sont un secteur hautement féminin. En effet, on recense actuellement 84% de RH femmes selon culture RH, mais le ratio serait encore en faveur des hommes chez les DRH. Cela s’explique par le fait que le côté “humain” des RH conviendrait naturellement aux femmes, mais que les décisions “majeures” devraient être prises par des hommes.